Jaipur Foot est l’usine de prothèses la plus célèbre au monde. Sa philosophie ? Compassion, dignité, égalité, équité, pas de discrimination, coûts abordables, temps de fabrication rapide et assistance sur mesure. Créée dans les années 1970 au nord de l’Inde par Shri D. R. Metha à la suite d’un accident dans lequel il avait risqué de perdre ses propres membres, l’usine a monté plus d’un demi-million de prothèses en cinquante-cinq ans d’activité.
S’inspirant des figures tutélaires telles que Lord Mahavira (contemporain de Buddha), le Mahatma Gandhi, et le docteur Albert Schweitzer (Prix Nobel de la Paix), Jaipur Foot se base sur le principe de l’accueil et de la fraternité envers toutes les personnes marquées par la souffrance. Une histoire à succès presque miraculeuse, accessible même à ceux et celles qui n’ont qu’un dollar en poche.
Il n’y a pas de réservations : premier arrivé, premier servi. En trois jours on peut obtenir gratuitement une prothèse sur mesure (contre une durée moyenne de trois à quatre ans) grâce à une technologie de pointe développée déjà à la fin des années 1960 au SMS Medical College de Jaipur, par un groupe d’éminents chirurgiens orthopédistes et d’artisans hautement novateurs. Cette expérimentation se poursuit aujourd’hui sous l’égide du BMVSS, en collaboration avec des prestigieux centres internationaux tels que la Stanford University et le Massachussetts Institute of Technology (MIT).
Le pied de Jaipur garantit l’inversion, l’extro-flexion et la rotation transversale des membres, et permet ainsi aux personnes amputées de marcher même sur un sol irrégulier, de courir, de faire du trekking, de nager, de s’accroupir, de s’assoir en croisant les jambes, ou de travailler dans un champ boueux et mouillé.
Bien que les principes de mensuration, d’impression et de fabrication du BMVSS soient communs aux autres centres spécialisés des pays occidentaux, la technologie de Jaipur est unique par ses processus de fabrication et les matériaux utilisés. En particulier, le recours à des tubes en polyéthylène à haute densité rend les membres plus légers et résistant à la traction, ce qui permet d’obtenir des prises et des tibias sans articulation. Le matériel employé n’est pas soumis aux changements climatiques et la couleur de la peau des tubes ne nécessite pas de couverture esthétique. Grâce aux tubes en HDPE le temps de fabrication est réduit drastiquement par rapport à la lamination ou au thermoformage des feuilles.
Cette technologie est présente dans les Centres des pays plus pauvres, notamment en Asie, en Afrique et en Amérique latine. En 2009, le pied de Jaipur a été reconnu par la revue Times comme une des cinquante inventions les plus importantes au monde.
À l’occasion de l’exposition Design and Disability au Victoria & Albert Museum de Londres (2025), consacrée à l’innovation du Design par les personnes handicapées, sourdes et neurodivergentes, le pied de Jaipur est présenté par le reportage du photographe anglais Simon Way qui raconte une journée de la vie des habitants du Centre. Dans un désordre apparent, on découvre des histoires de vie qui trouvent des solutions spécifiques à chaque besoin. Cette série d’image poursuivra jusqu’en 2027 un tour mondial.

Traduit de l’italien par Teresa Maranzano
Relu par Emilie D’Introno-Faviez