Une journée d’étude consacrée à la relation entre la mode et l’inclusivité, promue par le département des Arts (DAR) de l’université de Bologne, s’est tenue le 25 octobre 2024 à UniRimini à l’occasion de la publication du livre Oltre il canone. Manifesto della moda inclusiva d’Elisa Fulco, Teresa Maranzano et Roberta Paltrinieri (Franco Angeli, 2024), traduction en italien du livre
Tu es canon. Manifeste de la mode inclusive, d’Elisa Fulco et Teresa Maranzano, édité par ASA-Handicap mental en 2022.
Cette journée a permis un échange entre différents professionnels issus du monde de la recherche, de la formation, de la production et des associations, et le partage d’une réflexion commune sur quels types de représentation, de produits et de services sur lesquels peuvent compter les personnes exclues du canon dominant de la mode.
Simone Badioli (Président d’Uni.Rimini) a ouvert la séance en soulignant l’engagement nécessaire pour élargir le concept d’accessibilité qui touche et affecte la qualité de vie des personnes en situation de handicap. Kristian Gianfreda (Conseiller pour les politiques de santé, Municipalité de Rimini) a souligné l’importance des collaborations politiques intersectorielles pour répondre aux besoins des personnes : des solutions de logement aux vêtements en tant qu’expression de l’identité.
Roberta Paltrinieri (directrice adjointe du département DAR UniBo), quant à elle, a expliqué pourquoi le département DAR a choisi de placer le livre « Oltre il canone » dans la collection d’éditions universitaires consacrées à la communication, à la consommation et à l’innovation. Cette nécessité est née de la volonté d’étendre à la communauté scientifique italienne le thème de l’inclusivité, de plus en plus important dans le domaine des études de la mode. Elle a notamment souligné l’importance de mettre en place des pratiques concrètes pouvant donner lieu à une nouvelle vision, respectueuse de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement de la mode, expression d’une durabilité sociale étroitement liée à l’économie et à la culture.
Un concept réitéré par Monica Sassatelli (coordinatrice du DAR de l’UoS Rimini, UniBo), qui a affirmé que la mode, à l’instar de l’art, peut être un espace de changement véritable, visant la revendication des droits et la réappropriation des significations, dont celle de la liberté.
Elisa Fulco (co-responsable du projet Tu es canon) a retracé l’histoire et les origines de la mode inclusive et de la mode adaptée, en soulignant comment, depuis la première édition française du livre « Tu es canon », l’attention portée à ces questions s’est considérablement accrue. Une accélération confirmée par la publication de textes scientifiques, principalement anglais et américains, consacrés à l’intersection entre mode et handicap, aux modèles de co-conception pour le handicap, aux nouveaux modèles de formation dans les écoles de mode. Ce phénomène s’étend aux éditoriaux de magazines de mode à large diffusion, comme le numéro spécial de Vogue British Reframing Fashion en 2023, consacré à la relation entre mode et handicap. Enfin, l’activisme du milieu associatif contribue également à ce changement.
Le dernier rapport 2024 de The Valuable 500, emblématiquement intitulé Inclusive representation. Nothing about us without us, souligne l’importance pour les entreprises de servir les communautés exclues et sous-représentées avec des produits, des communications et des services adaptés.
Teresa Maranzano (co-responsable du projet Tu es canon), a illustré l’engagement de l’association Asa-Handicap-mental à Genève dans la mode inclusive comme un levier de changement social. À la suite des actions menées depuis 2021, les workshops sur la mode inclusive organisés par l’association en y associant les personnes concernées, sont désormais inclus de manière permanente dans la formation en bachelor de Design de mode la HEAD – Haute école d’art et de design de Genève. Teresa Maranzano a ensuite retracé les étapes du programme Tu es canon, de la rédaction du Manifeste aux journées d’étude, en passant par les workshops avec les écoles d’art (HEAD à Genève, Ecal à Lausanne) visant à sensibiliser les marques et la société civile au rôle identitaire de la mode dans les processus d’inclusion et aux bénéfices du Design for All.
Pour Teresa Maranzano, le fait de donner la priorité non seulement à ceux qui créent les vêtements mais aussi à ceux qui les portent représente un changement de perspective pour l’industrie de la mode. Malgré les difficultés encore présentes, elle a souligné que la mode inclusive et adaptée représente pour les personnes handicapées un moyen de contrer l’invisibilité sociale et une forme de lutte pour l’autodétermination. Aujourd’hui, la voix des personnes concernées résonne de plus en plus fréquemment sur les canaux que la mode elle-même met à leur disposition.
Davide Caocci (Adaptive Fashion Italy) a rappelé le nombre de personnes en situation de handicap en Italie et dans le monde (une sur cinq), et a expliqué que s’habiller de manière indépendante et pouvoir choisir des vêtements qui nous représentent devrait être considéré comme un droit pour tous. Partant de son expérience de personne à mobilité réduite, il a expliqué l’impact sur sa sécurité personnelle des vêtements qui permettent le mouvement et le confort sans devoir renoncer au style. Il a aussi souligné l’évolution du marché de la mode adaptée, des grandes marques aux jeunes créateurs, jusqu’aux nouveaux distributeurs tels que Zalando. Parmi les cas italiens, il a mentionné le projet Cancellato Uniform de Diletta Cancellato, une créatrice milanaise qui conçoit des vêtements tricotés à taille unique qui s’adaptent à différentes morphologies.
En fin de matinée, Chiara Luisi (Chambre nationale italienne de la mode) est intervenue pour présenter les activités et projets menés par le CNM, qui a signé en 2024 un protocole d’accord avec l’Office national de lutte contre la discrimination raciale de la présidence du Conseil des ministres (UNAR) et l’African Fashion Gate (AFG) pour lutter contre les phénomènes discriminatoires dans l’industrie de la mode. Une action qui s’inscrit dans les politiques promues par le CNM à travers le Manifeste de la diversité et de l’inclusion lancé en 2019 avec une table de travail, mais aussi à travers la création en 2021 des CNMI Sustainable Fashion Awards, et l’engagement de fournir des indications et des lignes directrices aux marques qui, avec des temps et des modalités différentes, s’engagent à devenir durables.
Lors de la session de l’après-midi, coordonnée par Elisa Fulco, Antonio Franceschini est intervenu pour présenter les engagements de l’association CNA Federmoda visant à promouvoir les petites et moyennes entreprises dans le secteur de la mode par le biais de la formation, de l’attribution de prix lors de foires internationales et d’activités de plaidoyer.
Il a notamment rappelé qu’en 2008, la journée intitulée « Dressing the Needs », promue par CNA Federmoda à Bologne et réalisée sur la base du travail de l’entreprise de mode adaptative LyddaWear, basée en Vénétie et fondée par Pier Giorgio Silvestrini en 1997, a permis de souligner l’importance des solutions médicales et des innovations technologiques à destination des publics restés exclus de la conception des vêtements. Selon Franceschini, ce projet peut être relancé et soutenu par des prix et des appels d’offres pour la conception de vêtements inclusifs au sein des écoles de mode ou des entreprises elles-mêmes.
Simona D’Aulerio et Marianna Lo Preiato ont présenté l’association Curvy Pride, mobilisée contre toute discrimination à l’encontre des corps qui ne répondent pas aux normes esthétiques actuelles, de la notion de l’oversize à celle de l’empowerment, en passant par toutes les personnes ayant différents morphologies, y compris des handicaps. Un activisme qui implique les témoignages d’hommes et de femmes ayant subi des formes de discrimination en raison de leur poids, de leur ethnicité et de leur orientation sexuelle.

Giacomo Ramberti a clôturé la journée avec la présentation de la coopérative sociale Lazzaro à Rimini, qui donne une seconde vie aux vêtements sélectionnés à partir des dons de Caritas tout en offrant des stages à des personnes vulnérables. Basée au centre-ville, la coopérative crée des espaces de rencontre et de relation entre différents publics, offre des opportunités de socialisation, tout en proposant des vêtements neufs et vintage soigneusement sélectionnés, issus de la collaborations avec différentes institutions. Un projet qui, selon Giacomo Ramberti, peut encore évoluer et se développer.

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
Relu par Emilie D’Introno-Favier